Denis Hennequin, PDG d'Accor : " Accor prendra soin de l’hôtel et l’hôtel prendra soin du cours de Bourse ! "

Publié le par CFTC ACCOR

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A l’occasion de la journée investisseurs, le nouveau patron du groupe hôtelier a annoncé le regroupement de ses hôtels économiques sous la marque phare, Ibis. Ne voyant pas aujourd’hui de ralentissement de l’activité dans ses hôtels, il reste optimiste pour 2011, mais il n’avance pas de prévision pour 2012. A moyen terme, il vise une amélioration de la rentabilité.

Compte tenu du ralentissement économique qui se profile, pourrez-vous tenir vos objectifs ambitieux, sachant que le groupe est encore aujourd’hui assez sensible aux cycles ?

Nous ne voyons pas, à ce jour, de signe tangible de ralentissement. Sur les premiers jours de septembre et les réservations pour octobre, la tendance reste bonne, dans le sillage du mois d’août, où toutes nos marques ont progressé. Je préfère me positionner aujourd’hui avec un enthousiasme prudent. Je souligne toutefois un paradoxe : après la crise de 2009, les sociétés en général, et Accor en particulier, ont nettement réduit leur endettement et leur solidité financière offre un contraste frappant avec la situation des Etats. La crise actuelle n’est pas de même nature que celle de 2009. Si, plus tard dans l’année, des signes visibles de ralentissement apparaissaient, j’en aviserai le marché.

Certains analystes vous reprochent de cibler davantage la croissance du chiffre d’affaires que la réduction des coûts. Que leur répondez-vous ? 

La meilleure façon de réduire les coûts, c’est d’afficher une meilleure croissance des ventes. Notre objectif est de garder les coûts sous contrôle en développant le chiffre d’affaires. Cette recherche de davantage de croissance n’empêche pas l’exercice de rigueur dans la gestion des dépenses du groupe.

Pourquoi ne pas avoir donné d’éclairage sur 2012 ? Dans le climat actuel, cela aurait pu rassurer le marché. Etes-vous à l’aise avec les estimations de résultats des analystes pour l’an prochain ? 

A cette période de l’année, nous ne donnons pas d’information précise sur 2012. Cela dit, grâce à nos objectifs pour 2015, certaines déductions peuvent être faites pour l’an prochain. Nous avons, en revanche, clarifié nos prévisions pour cette année en donnant une fourchette de 510 à 530 millions pour notre résultat d’exploitation.

En développant de plus en plus la franchise, ne risquez-vous pas de perdre le contrôle sur vos marques et sur la qualité des services ? 

Ma précédente vie me permet de dire qu’il n’y a pas de lien entre les deux et, de plus, notre modèle ne sera pas à 100 % en franchise puisque nous gardons des hôtels en propriété et des contrats de management. Le contrôle des marques vient de la manière dont on gère les franchisés et nous n’avons pas de problème de ce côté-là. Et la qualité vient du travail que nous menons en commun avec nos franchisés. Nous sommes un acteur majeur sur le marché de la franchise, qui sera notamment développée en Europe.

L’environnement s’assombrit aussi du côté de l’immobilier. Si les prix venaient à baisser, qu’en serait-il de votre programme de cessions de murs, sachant que vous ne souhaitez pas vendre vos actifs dans de mauvaises conditions ?

Le programme de cessions va se poursuivre. Nous avons démontré, pendant la crise de 2009, que nous étions capables de céder des hôtels dans de bonnes conditions et je ne vois pas pourquoi nous ne continuerions pas. De plus, même en période de crise, il existe toujours un appétit des investisseurs pour l’immobilier. Dans le pire des cas, notre programme pourrait se réaliser moins vite, mais je ne vois pas de signe inquiétant à ce jour.

Comment allez-vous déployer votre programme de développement dans les pays émergents, par acquisitions ou par croissance interne ? 

Sur les 40.000 chambres prévues, 5.000 devraient être réalisées par des acquisitions. Notre situation financière solide nous permet de profiter d’opportunités de croissance externe. En Chine, nous avons un pipeline ambitieux pour Sofitel avec 35 ouvertures d’ici à 2015 et pour Pullman, 60 ouvertures. En ce qui concerne Ibis, nous étudions plusieurs options parmi lesquelles l’acquisition de petites chaînes locales.

Vous aviez évoqué lors de la vente de Groupe Barrière l’éventualité d’un dividende exceptionnel. Le marché attendait une proposition en ce sens lors de la journée investisseurs. Pourquoi avoir repoussé la décision à la fin de l’année ? Est-ce un manque de confiance dans l’avenir ? 

Notre dette évolue très vite et nous souhaitons pour l’instant maintenir la notation de notre bilan de la part des agences de notations. Plus tard dans l’année, nous pourrions avoir davantage de marge de manœuvre, ce qui nous permettrait d’arbitrer entre les investissements, les acquisitions et le retour à l’actionnaire. Cette volonté d’attendre avant d’agir ne signifie pas pour autant un manque de confiance dans l’avenir, au contraire.

Envisagez-vous une cession pure et simple de votre chaîne Motel 6 aux Etats-Unis et doit-on s’attendre à une prochaine charge liée à une dépréciation d’actifs ?

Notre objectif est de ne plus avoir de capital investi aux Etats-Unis à moyen terme. Nous allons étudier les différentes options pour passer en « asset light », soit accélérer la franchise, soit procéder à des cessions par lots plutôt qu’à l’unité. Et notre porte est ouverte pour une éventuelle proposition plus large, mais nous n’avons mandaté aucune banque pour une cession. En ce qui concerne une éventuelle dépréciation, je n’ai pas de précision à donner à ce stade.

Vous vous étiez déclaré ouvert à l’acquisition d’un hôtel de luxe à Paris. Si une occasion se présentait dans le cadre de la restructuration de Groupe du Louvre, la saisiriez-vous ? 

Comme tous les autres opérateurs, nous regarderions le dossier afin de savoir dans quelles conditions se déroulerait l’opération. Si nous devions investir dans les murs pour cela, nous les refinancerions simultanément.

Le titre Accor a beaucoup chuté. Quel regard portez-vous sur votre cours de Bourse ? 

Les marchés financiers sont très nerveux en ce moment. Le recul de mardi ne me semble pas en liaison avec la journée investisseurs. Au contraire, nous avons donné des informations pour les investisseurs de long terme. Nous allons créer de la valeur, notamment en augmentant la qualité et le nombre de notre parc hôtelier. Nous prendrons soin de l’hôtel et l’hôtel prendra soin du cours de Bourse 

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